Discare est un dispositif communautaire de soin et de soutien à la santé mentale des personnes travaillant dans le secteur de la musique en Belgique. Organisation à but non lucratif, se positionnant politiquement dans une démarche sociale progressiste cherchant des solutions et actions en réponse aux souffrances présentes et inhérentes dans une société néo-libérale aux multi-systèmes de dominations.
Discare est créé par et pour les travailleur·euses de la musique, proposant une sollicitude radicale et solidaire, s’inspirant des modèles de community care.
Le secteur artistique est historiquement un laboratoire et un vecteur de transformations sociales, anticipant et catalysant les évolutions structurelles. L'importance du secteur culturel en Belgique est conséquente et indéniable tant par son rayonnement, son développement et sa cohésion que par sa position centrale européenne. Un secteur qui fait aussi partie intégrante de l’économie Belge, représentant des dizaines de milliers d'emplois directs et indirects. Les études montrent que chaque euro investi dans la culture peut rapporter près du triple à l’Etat (Enquête de l'Echo, 2020).
Sans compter tous les non-chiffrables, ou non-économiques en apparence, tels que le tissage de liens, l’apport de joie, les opportunités de socialisations inter-culturelles, inter-religieuses, interclasses, la possibilité de moments cathartiques permettant aux spectateurices de mettre des mots ou du sens sur leurs émotions, les espaces d’évasion, de réflexions et d’évolutions sociales.
Le secteur artistique n'est pas un cas isolé dans cette souffrance. Nous assistons à une augmentation alarmante des troubles de santé mentale liés au travail dans l'ensemble de la société. Les chiffres sont éloquents : selon l'Institut national belge de santé publique, les arrêts de travail pour burn-out ont augmenté de 40% entre 2016 et 2023, avec une accélération significative post-pandémie. La dépression et l'anxiété sont désormais les premières causes d'absentéisme prolongé, devant les troubles musculo-squelettiques.
Cette situation est exacerbée par la prévalence des risques psychosociaux inhérents au secteur musical : précarité structurelle avec des contrats souvent courts et intermittents, incertitude chronique quant à l'avenir professionnel, rythme de vie déstructuré alternant hyperactivité et périodes creuses, pression constante de la performance et de l'excellence, isolement social paradoxal malgré l'hyperconnectivité apparente,…
Cette constellation de facteurs crée un terrain particulièrement fertile pour le développement de troubles anxieux et tout leur cortège de manifestations : insomnies, crises de panique, somatisations diverses, dépression. À cela s'ajoutent les problématiques d'addiction, favorisées par la présence quasi constante d'alcool et de substances psychoactives dans les environnements de travail, ainsi que par une culture qui tend à normaliser, voire à valoriser, les comportements à risque.
L'étude du CeRSO (Centre de Recherche en Sciences Organisationnelles) d’octobre 2024 sur les risques psychosociaux dans le secteur culturel belge confirme cette tendance et révèle une situation particulièrement préoccupante. Cette recherche met en lumière des taux d'épuisement professionnel, d’épisodes dépressifs ou de troubles anxieux significativement plus élevés que la moyenne nationale (30-35%), avec plus de 70% des travailleurs·euses de la musique concerné·es.
Depuis plusieurs décennies, ces souffrances psychiques et psycho-somatiques reçoivent principalement des réponses individualisées : thérapies personnelles, médication, développement personnel, injonctions à la résilience... Avec des résultats très mitigés et une tendance à faire porter la responsabilité du mal-être sur les individus plutôt que sur les structures qui les fragilisent.
Il est temps d'amorcer une approche collective et structurelle, remettant le community care au cœur de notre travail. Face à des problèmes systémiques, seules des solutions systémiques peuvent être véritablement efficaces. DISCARE propose ainsi de repenser fondamentalement notre rapport au soin, en créant des espaces de soutien mutuel, de partage d'expériences et de construction collective de solutions adaptées aux réalités spécifiques du secteur musical.
Dans un premier temps, nous souhaitons mener des actions de sensibilisation à la santé mentale et d’information sur les droits et les aides existantes.
Pour cela, nous proposons des workshops sur les différentes thématiques concernées, de mettre en place une ressourcerie et un annuaire spécialisés, mais également de créer et éditer des Petits Guides Discare sur les bonnes pratiques en studio, en tournée, en showcase pro, en management, en organisation d’événements, etc.
Dans un second temps, nous proposons une implantation sur les lieux de concerts, de festivals, ou de showcase pros, ainsi qu’un accompagnement-orientation pour tous types de structures liées à la musique qui souhaiteraient un soutien ou des recommandations sur les questions de santé mentale et de bien-être au travail.
Enfin, nous voulons mettre en place des groupes de soutien et d'échange sous forme de soirées Discare saisonnières, afin d’offrir aux travailleur·euses de la musique des espaces plus safe d’entraide, de vulnérabilité et de douceur, pour faire le point et avancer ensemble, par et pour la communauté.
Discare est avant-tout un projet de sollicitude radicale qui vise à démocratiser et politiser les pratiques de bien-être, en les rendant accessibles à toustes et en les inscrivant dans une perspective de changement social plus large. Nous mettons un point d’honneur à l’accessibilité à ces pratiques, à l'importance de la douceur, et à la réappropriation de nos corps.
De surcroît, nous menons une critique de l'individualisation des problèmes collectifs, et nous revendiquons le potentiel politique du care comme outil d'émancipation et de changement social, en proposant un espace satellite mais non moins essentiel à la pérennité de nos luttes.
Discare s’inscrit dans une démarche anti-raciste, anti-patriarcale, anti-capitaliste, anti-validiste et anti-classiste, aspirant à une horizontalité du partage des ressources et des connaissances, mises au service de toustes et jamais imposées.
En prenant soin de la santé mentale des travailleur·euses de la musique, nous espérons voir dans les prochaines années des initiatives-sœurs de Discare se développer dans les autres secteurs culturels et les autres régions de notre pays, et ainsi ouvrir une voie vers une nouvelle approche collective du bien-être au travail.
Discare est une initiative née de deux têtes, deux cerveaux, Maureen & Anaïs.
Maureen Vanden Berghe, manageuse d’artiste, cofondatrice de l’agence Julia Camino, expérimentée dans le mentorat entre personnes FINTA et riche d’une expérience personnelle d’accompagnement psy.
Anaïs Elba, artiste et musicienne diplômée du Conservatoire, performeuse dans de nombreuses formations, porteuse du projet Sïan Able, et riche de différentes formations sur la gestion relationnelle, ainsi qu’une expérience personnelle d’accompagnement psy.
Toutes deux en lien avec les différents métiers du secteur (musicien.ne.s, labels, bookeureuses, technicien.ne.s, programmateurices, etc), de notre rencontre et de notre envie d’agir sur le sujet de la santé mentale dans la musique, nous avons créé DISCARE.
Nous avons d’abord réuni un groupe de concertation, constitué d’un panel de personnes que nous savons intéressées par le sujet des pratiques de santé mentale dans les milieux de la musique et ses différents postes. Chacun.e d'entre nous ayant une expérience intime des problématiques et violences liées à la santé mentale dans notre communauté, ainsi que des idées et des convictions personnelles sur les actions à mener.
C'est dans ce cadre que nous avons entamé un travail de recherche, d’échanges, de structuration et de formation.
Nous nous sommes inspirées des protocoles de soin et d'accompagnement existants dans les autres domaines ou les autres pays plus avancés sur ce sujet pour les adapter à notre milieu.
(cfr. HelpMusicians, Heads Above The Waves, Insaart, Cura, etc).
Ensuite, avec une partie des membres du groupe de concertation, nous avons créé les Discarefuls, un noyau d’entourage d’expertise sur des questions précises telles que le genre, les discriminations, les risques psycho-sociaux, l’action militante ou l’accompagnement d’artistes, avec qui nous développons nos actions et nos outils.
Ce noyau Discarefuls est voué à s'agrandir, et une fois celui-ci assez solide et pérenne, le projet lui-même pourra exister sans ses fondatrices.
Si vous souhaitez
via hello@discare.be ou le formulaire ci-joint.
Sur le compte LT05 3250 0377 9350 7318 ou via PayPal.